Dès le prologue, on est entraîné dans le monde de Jesse, et quelques personnages clé sont ainsi évoqués (ou présents). Ce début laisse à penser un roman plein d’action, mais qu’en est-il vraiment ?
Attention, possibles spoilers, si vous ne souhaitez pas en avoir, rendez-vous à la rubrique “En bref”.
Il faut avouer que les romans qui donnent des éléments de réponse dès le prologue ne sont pas toujours bien perçus par le lecteur car ils peuvent aussi révéler des indices clés sur la suite de l’histoire. C’est exactement ce qui se passe avec Roi de pique. Le lecteur comprend dès les premières pages de Ken et Bridget sortent ensemble, Ken essayant de “casser la figure” à Jesse, le personnage central du roman.
Autre point pour le moins dérangeant : la tournure avec laquelle il raconte les événements laisse à penser que Jesse est attiré par Bridget. Une fois qu’il a lu ça, le lecteur n’a plus vraiment de suspense pour le reste du roman, c’est-à-dire les 300 pages restantes. Quel dommage !
Passons outre ces désagréments et imaginons que le lecteur ait choisi de ne pas lire le prologue.
Jesse est ce que l’on appelle un “Roi de pique”, c’est-à-dire qu’il peut fournir tout à tout le monde, quelle que soit la demande qu’on lui fait. Malheureusement, ce jeune lycéen au cœur de pierre (du moins le perçoit-on comme ça dès le début du roman) ne va pas rester insensible à la belle Bridget. Finalement, l’essentiel du roman tourne autour d’eux, les événements liés à l’activité de Jesse se greffant à cette histoire centrale.
Il est alors intéressant de découvrir les personnages et de voir leur évolution tout au long du roman, même si celle-ci reste mince et que la fin est prévisible, dès lors que Jesse nous raconte ce qu’il ressent envers Bridget, même s’il n’exprime pas clairement ses sentiments (ah, les hommes…).
Le lecteur rencontre en réalité deux Jesse dans cette histoire : le jeune homme à la fois insensible (qui peut fournir tout à tout le monde) et le jeune homme amoureux qui veut protéger sa belle tel un prince charmant (mais pas trop quand même, hein, n’oublions pas qu’il la “vend” à Ken pour 200 dollars…).
Les personnages sont assez fades à mon sens. Trop nombreux, ils n’apportent rien de particulier à ce roman et ils seront vite oubliés. Je n’ai absolument pas accroché avec Bridget qui est trop nunuche et insipide. Son personnage est à l’oppose de celui de Jesse et telle qu’elle est dépeinte, son amour envers lui semble assez impossible.
Ken, quant à lui, est présenté comme l’ensemble des sportifs que l’on peut voir dans les séries américaines : un brin neu-neu et ne pensant qu’au côté “intéressant” d’être en couple, il ne s’intéresse pas réellement à Bridget pour son intelligence ; ce qui pousse le lecteur à le détester.
Ce roman était le premier que je découvrait de Kat Spears. Peut-être n’en a-t-elle pas écrit d’autres, mais quoi qu’il en soit, sa plume m’a quelque peu dérangée à certains moments. A tel point que le lecteur est en droit de se demander si elle n’a pas transposé dans son roman quelque chose qu’elle a vécu au personnage de Pete (le frère, en “situation de handicap”, de Bridget Smalley). Le sujet du handicap est ici évoqué comme léger et prêtant à rire, l’auteur ayant donné au personnage un humour noir envers lui-même. Pourtant, j’ai vraiment été dérangée dans ma lecture par des termes forts et, à mon sens, péjoratifs. L’auteure a-t-elle voulu toucher ses lecteurs et marquer les esprits avec de telles tournures ?
Enfin, j’ai pu lire que certains blogueurs ont compris la signification du terme “roi de pique” au travers de ce roman. Pour ma part, je ne peux que le supposer et j’avoue que le manque d’explications claires à ce sujet est un vrai désagrément du livre et une réelle déception lorsqu’on le referme.
C’est donc un bilan en demie-teinte pour ce livre. Avec une quatrième de couverture et un début prometteur, j’avoue que je m’attendais à mieux. Les éléments de l’histoire gravitent autour d’un centre : la relation entre Bridget et Jesse. Et, même si celle-ci est plaisante, une déception pointe malgré tout lorsque l’on referme le livre. Comme une sensation d’inachevée, une impression qu’il manque quelque chose à ce roman.
Merci aux éditions Nathan pour ce partenariat, qui m’a permis de découvrir la plume de Kat Spears.
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