J’arrive enfin à vous publier cet article sur l’allaitement, qui me tient tant à cœur. J’en avais débuté la rédaction pendant ma grossesse et j’aurais aimé vous le poster à ce moment-là. Et puis, refaire un point par la suite. Finalement, j’ai manqué de temps en fin de grossesse, et puis peut-être aussi par peur, il n’a pas été terminé. Aujourd’hui, je vais enfin vous raconter ce que beaucoup appellent une “aventure lactée”.
Lorsque l’on apprend sa grossesse, un million de questions se bousculent dans notre tête. Parmi elles, on s’interroge sur l’allaitement ou non de son bébé. Ce choix est propre à chacune et, malheureusement j’ai pu le constater, bien trop souvent source de jugement de la part des autres mamans.
Le “clan des mamans” se divise en deux : les allaitantes et les non-allaitantes. Voire en un troisième groupe, les tire-allaitantes. Chacune ayant ses préférences, ses obligations et, parfois, ses contraintes. Alors, lorsque j’ai appris ma grossesse et que je me suis penchée sur le sujet, j’ai eu un peu de mal à y voir plus clair. C’est pourquoi, après pas mal de réflexion (et la peur de me faire lyncher dans les commentaires…) j’ai finalement décidé de m’ouvrir à vous, car c’est important d’en parler. L’allaitement ne doit pas devenir un sujet tabou. Chaque (future) maman doit être consciente des choix qui s’offrent à elle et se faire sa propre opinion.
L’allaitement : qu’est-ce que ça implique ?
Pendant ma grossesse, je voyais l’allaitement comme un moment magique, à deux, à la maison. Je n’étais cependant pas très à l’aise, mais à force de lire des articles sur le sujet, j’ai totalement pris peur. Il y a une inconnue que je n’avais pas pris en compte jusqu’alors : si bébé avait faim au moment des sorties, comment ferai-je pour l’allaiter, dehors, avec plein de monde autour ? N’étant pas hyper à l’aise avec mon corps, et encore moins avec mon intimité exposée, j’ai paniqué. Oui, vraiment ! Et je n’ai plus du tout vu l’allaitement comme quelque chose de formidable. Petit à petit, j’y ai vu de plus en plus de contraintes : le papa ne se lèverait pas la nuit (ce serait systématiquement mon tour, puisque je serais le distributeur de lait ambulant), les fuites pas super glamour à l’extérieur et puis, comme je le disais : allaiter en dehors de notre cocon. Même allaiter devant la famille ou nos amis me posait problème. Oui, je suis extrêmement pudique. Non, je ne voyais pas comment surmonter ces obstacles. Oui, c’est la vision de l’allaitement que j’avais au début de ma grossesse.
Tire-allaiter, un bon compromis ?
Par rapport à tout ce qu’implique l’allaitement, je me posais donc un certain nombre de questions. L’une des principales était également de savoir si je réussirais à gérer mon allaitement et si un éventuel échec ne me détruirais pas. Surtout avec le trop-plein d’hormones à la suite de l’accouchement.
En me renseignant, je suis tombée sur des articles de blogs, des articles de magazines, etc…qui évoquaient le tire-allaitement. Dans un premier temps, je me suis demandé de quoi il s’agissait. C’est tout simple : la maman tire son lait, à l’aide d’un tire-lait et le donne à bébé dans un biberon. J’ai tout de suite été fan de cette solution, bébé pouvant avoir les bienfaits du lait maternel, le (futur) papa pouvant donner le biberon et maman n’ayant pas toutes les contraintes de l’allaitement. Bref, cela me semblait un bon compromis. J’en ai donc parlé à la sage-femme, lors de mon inscription à la maternité.
L’allaitement et moi
Mes envies durant la grossesse
Lorsque j’ai évoqué mon choix auprès de la sage-femme de la maternité, nous en avons alors discuté. Selon elle, une telle pratique n’est pas possible si je ne stimule pas un minimum ma montée de lait. Et cela signifie mettre bébé au sein, au moins quelques semaines. Ainsi, la lactation est favorisée et le tire-lait peut fonctionner correctement.
Oui, mais comme je le disais précédemment, l’allaitement tel quel ne m’enchante guère. Suite au rendez-vous, je me suis donc retrouvée quelque peu perdue. Je voulais donner mon lait à ma fille, lui permettre le meilleur. Mais serai-je capable de mettre en route mon allaitement ? Et qu’en sera-t-il lorsque j’aurai repris le travail ? Vais-je tirer mon lait au boulot ou réduire petit à petit le tire-allaitement ?
Après avoir tourné toutes ses questions en boucle dans ma tête, j’ai finalement décidé de ne pas me prendre la tête, mister me soutenant, quel que soit mon choix. A mon sens, c’est très important que le (futur) papa soit en adéquation avec votre choix. Personnellement, j’ai beaucoup apprécié son positionnement, ayant un peu peur qu’il souhaite absolument donner le biberon. Compte-tenu du rendez-vous avec la sage-femme et de mes convictions, je ne voulais donc pas partir de manière définitive ni sur l’allaitement, ni sur le biberon. La sage-femme m’avait conseillé de tenter la tétée de bienvenue et voir, en fonction de mon ressenti, si je me sentais capable d’allaiter ma fille. Conseil que j’ai évidement suivi et que j’ai été heureuse de mettre en pratique.
Mon allaitement post-partum
Ce serait bien si les choses se passaient toujours telles qu’on les planifie. Mais la vie est pleine de surprises. Et ça a aussi été le cas de mon allaitement. Cette partie de l’article risque d’être assez longue mais, comme toujours, je me livre à cœur ouvert. Ce n’est pas un sujet facile à aborder, c’est un sujet assez intime et encore bien trop tabou. Alors, je le répète, merci pour votre bienveillance.
De la naissance de ma fille à J+2
Immédiatement à la naissance de ma fille, le corps médical l’a posée sur moi, pour la réchauffer. On en a bien sûr profité pour faire une tétée de bienvenue. Après quelques minutes à tâtonner, babygirl a trouvé le sein et commencé à téter. A ce moment-là, je ne sais pas si c’est la sensation que cela m’a procuré ou la déferlante d’hormones mais j’ai trouvé ça tellement naturel, je me sentais vraiment à l’aise. J’allaitais ma fille, je la nourrissais avec MON lait. J’étais fière de moi car quelques semaines plus tôt, je me sentais incapable de réaliser cela. La tété s’est extrêmement bien passée, et puis nous avons profité de notre nouvelle vie à trois, durant les deux heures avant le retour en chambre.
Plus tard, j’ai réessayé à plusieurs reprises de donner le sein à la demoiselle. Elle tétait à peine quelques gouttes, fatiguée. On m’avait expliqué qu’il ne fallait pas que je m’affole, que c’était normal. En effet, à la naissance, l’estomac de bébé fait la taille d’un noyau de cerise. On comprend donc bien qu’il n’ait pas très faim. Cela couplé à la fatigue (oui, bébé a fait plein d’efforts pour sortir), je ne m’inquiétais donc pas. Le soir, comme à chaque changement de garde, la puéricultrice et la sage-femme sont passées me voir, me demandant ce qu’avait mangé ma puce. Je leur ai alors raconté nos péripéties. La puéricultrice m’a alors dit que ça n’allait pas, que ma fille devait absolument manger. Elle m’a demandé si je souhaitais lui donner un biberon, chose que j’ai refusé catégoriquement. Avec son aide, j’ai essayé de remettre ma puce au sein. Je me suis sentie tellement mal à ce moment-là : ma puce refusant de téter et s’énervant, la puéricultrice me broyant le sein. J’avais mal. Je me sentais humiliée, ridicule, une mauvaise mère. Mais à côté de ça, je savais que la mise en place de l’allaitement n’avait rien d’une partie de plaisir, alors j’ai serré les dents. Quand la puéricultrice m’a proposé de donner un biberon, par la suite, me faisant presque culpabiliser que ma puce n’arrive pas à manger, j’ai accepté. Fatiguée, triste de voir que je n’y arrivais pas, ne voulant pas faire de mal à ma fille, envahie par les hormones du post-partum, j’ai cédé. Je crois que ça a été le début de la fin de mon (non-)allaitement…
Le lendemain, davantage reposée et “remise” de mon accouchement, j’ai retenté à plusieurs reprises de mettre ma fille au sein. Chacun de ces essais a été un échec. Puis, sur les conseils de mister, j’ai fini par appeler une puéricultrice pour demander de l’aide. Je voulais absolument réussir mon allaitement, je me mettais une pression de dingue. Je n’avais qu’une idée en tête : que cela fonctionne pour que je puisse avoir le choix de tirer mon lait, par la suite. Et là, même chose la veille : on me presse le sein, on appuie la tête de ma fille, on me dit que je suis trop douce avec elle. Je commençais à douter de moi, de ce choix que j’avais fait. Je culpabilisais, me disais que le problème venait de moi. Et c’est effectivement ce qu’a fini par me dire la puéricultrice. Elle m’a donné des bouts de seins qui facilitent, normalement, l’allaitement. Avec ça, bébé devrait téter sans problème, m’a-t-elle dit. Elle me les a donnés, m’en a collé un et j’ai dû me débrouiller. Je me suis retrouvée seule (enfin, avec mister) dans la chambre, avec une pression de dingue sur les épaules. Je me souviens très bien qu’à ce moment-là, j’avais envie de pleurer, je persistais, je devais y arriver. Quelques minutes après, nous avons rappelé la puéricultrice : cela ne fonctionnait pas. Elle m’observe de nouveau et prononce une phrase qui, je pense, me marquera à vie : “Vous ne pourrez jamais allaiter, physiquement, ce n’est pas possible.”. A ce moment-là, j’aurais pu m’écrouler.
A ce moment-là, j’ai lâché prise. J’ai pleuré. On m’a ramené un carton de biberons et j’ai été mise au pied du mur, devant le fait accompli : c’était fini, je ne pourrai pas allaiter ma fille. Car en plus de ce soucis physique, je n’avais pas de lait.
De J+2 à maintenant
Malheureusement, comme je le disais plus haut, la nature est parfois très mal faite, sournoise même. Nous sommes donc jeudi. Durant tout le reste de mon séjour à la maternité, j’ai abandonné cette idée d’allaitement. Le samedi, nous sommes enfin rentrés à la maison, tous les trois. Et là, un nouveau calvaire a commencé, assez douloureux physiquement, mais aussi moralement : les montées de lait. Je me reprenais en pleine face la réalité de mon (non-) allaitement. Alors, je l’avoue, j’ai réessayé, en cachette. Sans en parler à personne, j’ai essayé d’allaiter ma fille. J’ai même pensé à louer un tire-lait à la pharmacie pour stimuler et pouvoir tire-allaiter. Mais, très rapidement, je suis revenue à la réalité. Les paroles de la super sage-femme de mes cours de préparation à la naissance, me sont revenue en tête. Petit à petit, j’ai commencé à faire le deuil de mon allaitement. Chaque jour que mes montées de lait s’atténuaient m’aidait à avancer, à me sentir moins nulle. Une mauvaise mère. Voilà comment je me suis vue pendant ce laps de temps. Incapable de nourrir ma fille. Incapable de lui donner le meilleur. Je démarrais mal ma maternité. Parfois, les hormones post-partum ont fait le reste : je pleurais, en silence, cachée. Je ne digérais pas très bien cet échec, finalement.
Aujourd’hui, il m’arrive encore de culpabiliser de ne pas y être arrivée. Ça semble tellement simple pour beaucoup de mamans. Ça a été tellement douloureux pour moi, de ne pas être capable de nourrir ma fille le plus naturellement du monde. Moi qui ai, pendant une bonne partie de ma grossesse, repoussé l’idée d’allaiter, ça m’a paru tellement naturel lorsque babygirl a pris sa tétée de bienvenue. Je me suis sentie envahie d’un bonheur tellement immense, une émotion intense, indescriptible. Je n’aurais jamais cru regretter de ne pas avoir pu allaiter. Et c’est pourtant le cas.
Malheureusement, la société actuelle fait souvent croire aux femmes que :
- Allaiter c’est naturel
- Tu es une mauvaise mère si tu n’allaites pas ton enfant
On entendra souvent “Oui mais nos grand-mères allaitaient.” ou bien “C’est naturel.” ou encore “Le lait maternisé ce n’est pas adapté aux bébés d’humains.” et j’en passe. Oui, la société actuelle fait tout pour nous culpabiliser. Alors forcément, quand on foire son allaitement, on l’a encore plus en travers de la gorge.
Mais parfois, il arrive que l’allaitement soit raté en dépit de la bonne volonté de la maman. En dépit de bébé qui essaie de bien prendre au sein. Parfois, les mamans ne sont pas aidées. On nous attrape le sein en le malaxant très fort pour faire sortir un petite goutte et forcer bébé à téter. Parfois, c’est tout simplement dame nature qui a fait en sorte de vous rendre l’allaitement impossible. C’est mon cas. Aucun accessoire n’a pu m’aider. Aucune puéricultrice de la maternité n’a su le faire non plus. On m’a fait comprendre que ma fille ne prenait pas à manger et que c’était mauvais pour elle, qu’elle allait perdre du poids, qu’il fallait qu’elle mange. On m’a encouragé à lui donner un biberon, au lieu de m’épauler pour réussir mon allaitement. On a vu que j’avais des soucis d’allaitement à cause de mon corps. Mais au lieu de trouver une solution, on a cherché la facilité, pour le bien de ma fille me disait-on. Alors, oui, quand c’est un premier enfant, quand on est remplie d’hormones, qu’on vient d’accoucher, on écoute ces personnes qui nous entourent, qui sont des professionnelles.
Aujourd’hui, la pilule est encore dure à avaler. Même 6 mois après, je regrette toujours. Je regrette de ne pas avoir insisté, de ne pas m’être fait confiance. Je regrette d’avoir pensé ne pas vouloir allaiter car peut-être que j’ai ainsi bloqué les choses sans m’en rendre compte. Je regrette de ne pas avoir pu allaiter ma fille, ne serait-ce que quelques jours, 1 mois ou plus. Peu importe. Je regrette que mon corps ne m’en ait pas laissé la possibilité, même si elle a tout de même eu le meilleur, puisqu’elle a profité de sa tétée de bienvenue. Mais une partie de moi se console en se disant que même si ma fille a pris le biberon, il lui a toujours été donné avec amour, ces moments ont toujours été faits de câlins, de tendresse. Alors, finalement, le lien de l’allaitement est-il plus fort que le lien du biberon ? J’en doute. Il est simplement différent…
Avez-vous choisi d’allaiter, tire-allaiter ou donner le biberon ? Pourquoi un tel choix ?
Cela s’est-il concrétisé à la naissance de bébé ou y a-t-il eu des imprévus ?
4 commentaires
Ça me rend à la fois très triste pour toi et très en colère contre ces “professionnelles”… l’allaitement est vraiment quelque chose de très beau, mais si on nous met une grosse pression pour le mettre en route, l’accompagnement dans les maternités est souvent très mauvais et sabre complètement les efforts de beaucoup de mamans comme toi. C’est tellement dommage… certaines ont une impossibilité physique, mais ça reste rare et à te lire je n’ai pas tellement l’impression que c’était ton cas… c’est terrible de voir combien un accompagnement doux et bienveillant manque dans certains hôpitaux à ce moment si crucial pour l’allaitement… mais n’aies pas trop de regrets, avoir fait autrement ne fait pas de toi une moins bonne maman. Et tu sauras peut-être mieux t’imposer pour un 2e enfant! Je te le souhaite en tout cas
Sur le moment, j’ai davantage fait confiance à ces professionnelles. Je débutais en tant que maman, je faisais face à la chute d’hormones, ce n’était pas évident.
Maintenant, j’ai le recul nécessaire et je suis d’accord avec toi. Je pense que pour un deuxième enfant, je me battrai davantage pour l’allaitement, en essayant de mettre toutes les chances de mon côté avec des professionnelles spécialisées et pro allaitement.
Je suis d’accord et là où je trouve cela très dommage c’est mis à part ça, ma maternité à été vraiment super et les sages-femmes et puéricultrice vraiment bienveillantes et à l’écoute. Dommage que ça n’ait pas été le cas pour la partie allaitement.
Merci à toi pour tes gentils mots.
J’ai eu les larmes aux yeux en lisant cet article. Il est clair que vous êtes tombée sur des”pro de la petite enfance” manquant de bienveillance.
J’ai pas très bien vécu mon rapport aux pros, je trouvais qu’elles disaient chacune l’inverse de l’autre. Mais je crois que je me serais effondrée dans votre situation.
Courage, il n’y a pas d’autres choix que de vivre avec la situation actuelle.
Je suis d’accord, ‘ai également eu plusieurs sons de cloche lorsque j’étais à la maternité. Ce n’est vraiment pas évident à vivre lorsque l’on est jeune maman.
J’ai fini par me faire violence et je profite d’autant plus des moments câlins et des biberons. Mais je pense, pour un deuxième bébé, me préparer davantage à l’allaitement, en consultant une conseillère en lactation ou une sage-femme spécialisée.
Pour cette grossesse, j’avais surtout très peur de l’accouchement. Au final, je sais désormais comment cela se passe et je n’appréhende plus. Ca sera sûrement plus simple d’axer davantage ma grossesse sur l’allaitement, en me renseignant +++.