Après quelques semaines de vacances (bien méritées !) je reprends le chemin du blog avec l’envie d’écrire sur un sujet que je n’ai que vaguement abordé jusqu’ici : la difficulté que cela peut représenter de porter la vie.
Je ne dis pas avoir la science infuse, je vais parler uniquement de mon expérience et je sais que certaines femmes ont des difficultés bien plus grandes, notamment lorsqu’elles doivent avoir recours à la PMA. Porter la vie, devenir mère peut s’avérer parfois bien plus compliqué que prévu.
Mon parcours pour devenir maman
La première chose qu’il faut savoir c’est qu’entre le moment où j’ai arrêté la pilule et le moment où je suis tombée enceinte, il s’est passé plus d’un an. Le parcours a été long, difficile. Chaque mois, lorsque mes règles arrivaient, je pleurais. Et plus cela se répétait, plus cela était difficile à surmonter. Je voyais autour de moi tout un tas de femmes tomber enceintes rapidement, facilement. Alors pourquoi pas moi ? Pourquoi est-ce que chez moi ça ne fonctionnait pas ? Cette question, je ne pense pas être la seule femme à se l’être posée. Au contraire, nous sommes des milliers voire des millions. Mais on n’ose bien souvent pas en parler. Parfois, on a honte. Parfois, on a peur du jugement des autres, de leur pitié. Pour mieux comprendre mon histoire, voici mon parcours.
Le 29 décembre 2017, c’est là que commence la grande aventure. Nous sommes ensemble depuis 1 an et demi avec mister et nous avons envie de nous lancer. Mais quelque chose le bloque encore un peu : il n’est pas totalement prêt. On prend donc la décision d’une première étape cruciale. Celle de stopper ma pilule. Au-delà de la non-grossesse qu’elle entraîne, la pilule reste dangereuse pour le corps de la femme. Depuis ma lecture du livre de Sabrina Debusquat, J’arrête la pilule (j’en ai parlé ici), ma vision sur ce moyen de contraception a changé. D’un commun accord, on décide donc que pour ma santé et notre (futur) projet, il est mieux de stopper tout de suite la prise de ces hormones.
Le début des essais est donc officiellement lancé le 6 mai 2018, soit près de 6 mois après mon arrêt de la pilule. Nous sommes enfin prêts tous les deux, on le sent, on le sait : nous sommes prêts à devenir parents.
A peine quelques mois plus tard, le 8 octobre 2018, je suis prise de douleurs à l’ovaire gauche, qui s’accompagnent de pertes, depuis 3 semaines. Je finis par me rendre chez mon médecin traitant, qui suspecte une GEU (Grossesse Extra-Utérine) et me prescrit donc une prise de sang pour vérifier le taux de BêtaHcG ainsi qu’une écho de contrôle, voir si je suis enceinte ou non. En parallèle de ma prise de sang faite rapidement, le lendemain, le 9 octobre, j’ai rendez-vous pour l’échographie. Celle-ci endo-vaginale, est extrêmement désagréable et (presque) douloureuse. Je saigne toujours énormément. J’ai peur du résultat. Peur d’apprendre que je fais une GEU, peur de découvrir que je suis stérile ou que j’ai un problème pour concevoir. Cela ne fait que mois et demi que j’essaie de tomber enceinte, mais j’ai très peur. Ce n’est pas normal, je le sais. A l’écho, la GEU est écartée (ouf !), mais ce qu’on découvre n’est pas très réjouissant : j’ai 3 kystes sur mon ovaire gauche, celui qui me causait des douleurs. Le lendemain, le jour de mon anniversaire, le 10 octobre 2018, j’ai enfin le résultat de ma prise de sang, qui est négative : je ne suis pas enceinte ! Je suis à la fois soulagée et à la fois très triste. Les derniers bouleversements m’avaient un peu secouée et je ne savais plus vraiment quoi penser.
Je prends donc rendez-vous chez mon gynécologue, le 6 novembre 2018, afin de faire le point avec lui et évoquer la situation. Jusqu’alors, je n’avais eu à faire qu’à mon médecin traitant et l’échographe. Mais j’avais besoin de voir où j’en étais réellement. Le rendez-vous était donc pris, un peu tremblante et angoissée, je m’y suis rendue avec l’espoir d’avancer et de savoir si j’allais droit dans le mur avec ce projet bébé. On discute, je lui explique la situation, puis il décide de me refaire un écho afin de voir par lui-même ce qu’il en est. Il m’annonce tout d’abord que j’ai effectivement de petits kystes sur mon ovaire gauche, mais qu’ils ne sont pas inquiétants. Au nombre de trois, il lui semblent assez “petits”. Ensuite, il m’explique qu’il n’y a plus d’épanchements de sang dans ma cavité utérine et, pour finir, me dit avec un grand sourire que je n’aurai aucun soucis de conception. Je suis rassurée d’entendre cela, de savoir que non, je n’ai pas de soucis de santé. Je pense à toutes ces femmes pour qui ce n’est pas le cas, celles qui doivent avoir recours à des opérations douloureuses, à la PMA, celles pour qui concevoir relève du parcours du combattant et je me dis qu’avec mes 3 kystes, je ne suis finalement pas à plaindre (et je n’en ai d’ailleurs pas le droit !). Je relativise, j’utilise davantage les tests d’ovulation et les applis (enfin plus sérieusement) et je me dis que bébé finira bien par arriver. Mais novembre, décembre et janvier passent et à chaque fois, mes règles reviennent.
Fatiguée de ne toujours pas y arriver, je décide de reprendre rendez-vous chez mon gynécologue le 5 février. A ce moment-là, j’étais déjà enceinte mais je ne le savais pas encore. Mon gynéco n’a pas pu le voir à l’écho car cela était trop récent. La suite, vous la connaissez.
Alors oui, j’ai choisi d’attendre quelques mois avant d’en parler sur le blog et sur mes réseaux, avant de vous révéler notre petit secret. Oui, j’ai choisi de garder ma grossesse secrète au début, pas par honte, mais plutôt parce que j’avais peur. J’ai été très stressée les premiers mois. Je voulais que tout se passe pour le mieux et j’aurais été incapable de faire face à des questions si j’avais fait une fausse couche…
Psychologiquement : un travail à faire sur soi
Depuis plusieurs mois, je pensais énormément à ce bébé, j’avais hâte qu’il se niche au creux de moi. Mon désir d’être maman ne date pas d’hier. Mais, pour la première fois de ma vie, je sentais tout au fond de moi que je le voulais avec Mister, que ce serait lui et personne d’autre. Il était prêt et je n’arrivais pas à lui donner une paternité.J’en ai beaucoup pleuré, je m’en suis voulu, j’ai eu tellement peur que quelque chose cloche chez moi, qu’on ne puisse pas avoir d’enfant à cause de moi.
Au-delà de ces sentiments (incontrôlables), je me sentais dépassée, comme prise dans un tsunami. Je me prenais en pleine tête les échecs successifs de nos différents cycles d’essais. Je pensais trop à ce désir d’enfant et j’avais beau lire partout qu’il fallait arrêter d’y penser et de faire une fixation dessus, lire que plus on y pensait et moins cela arrivait, je n’ai pas réussi à lâcher prise.
Et quelque part, avec le recul et mon expérience (je le répète, petite expérience d’attente, je ne sais pas comment les femmes en PMA trouvent autant de courage en elle, je les admire !) je me dis que ces phrases que l’on entend si souvent et que l’on trouve tellement désagréables sont pourtant vraies. Le cycle où je suis tombée enceinte est celui où j’ai lâché prise par rapport aux tests d’ovulation. Celui où je ne me mettais plus la pression car je savais que j’avais rendez-vous le mois suivant pour commencer des examens. Oui, c’est à ce cycle que je suis tombée enceinte, que l’embryon s’est accroché, est devenu un fœtus puis mon bébé, qui est aujourdhui une adorable petite fille de 10 mois.
Peut-être que je vois les choses de cette façon maintenant car je suis enfin maman ou peut-être bien que c’est la sagesse et la maturité de l’expérience qui parlent. Mais concevoir un bébé est suffisamment stressant pour une femme, pour un couple, sans avoir à se rajouter une pression supplémentaire en se disant que l’on doit absolument y arriver et stresser car cela ne vient pas.
Forte de cette expérience pour ma première grossesse, je suis certaine que j’attacherai davantage d’importance au psychologique et au à me détendre, lorsque nous tenterons l’expérience du prochain bébé.
Au fond, sur les blogs, les femmes qui racontent leur parcours sont assez peu nombreuses (à cette époque, je cherchais pas mal de témoignages), mais il ne faut pas oublier que c’est pourtant important et que l’on n’est pas seule. Chacune a un parcours unique, certes. Mais chacune peut se retrouver un peu dans les expériences des autres femmes, de près ou de loin. Concevoir un bébé est une expérience extrêmement enrichissante mais qui peut être aussi très angoissante, alors nous devons nous soutenir, partager nos histoires et nos expériences, avancer ensemble…
N’hésitez pas à partager votre vécu en commentaire, c’est toujours très intéressant de pouvoir échanger !
4 commentaires
Coucou
Merci pour le partage de ton vécu. La conception reste toujours une étape délicate qui est vécu différemment selon chacune.
Des bisous
Audrey
https://pausecafeavecaudrey.fr
Oui, comme je le disais dans l’article, on a toutes nos expériences de vie, nos caractères, notre environnement…qui nous sont propres.
Mais lorsque l’on essaie de concevoir, ce n’est pas toujours facile de faire la part des choses alors on fait souvent la même chose : on recherche des témoignages de femmes qui sont passées par là en espérant une fin heureuse.
Écrire cet article m’a fait du bien et j’espère sincèrement qu’il pourra aider des femmes qui se questionnent et qui vivent la situation que j’ai vécue.
Merci beaucoup pour ce témoignage!
Je suis doula (classique), mais d’ici quelques années j’aimerais énormément me spécialiser dans la fertilité/parcours PMA etc.
En effet, ces femmes sont de sacrées battantes!
Merci pour ton passage.
Beaucoup de courage à ces femmes pour qui la nature joue de vilains tours…