On dit toujours que le corps met 9 mois pour défaire ce qu’il a mis 9 mois à faire. Dans mon cas, cela s’est révélé totalement vrai. Il y a 9 mois, je devenais maman, après avoir cohabité 8 mois et demi avec ma fille. Il y a 9 mois, j’accouchais et j’étais loin de me douter de ce qui m’attendait.
Trop souvent, on prépare les futures mamans à leur rôle, à l’accouchement. Malheureusement, le post-partum n’est que rarement évoqué et bien souvent lorsque c’est le cas, certains aspects sont passés sous silence. Comme s’il s’agissait d’un tabou qui empêcherait les femmes de devenir maman à leur tour. Comme s’il valait mieux se taire et laisser chacune découvrir ce qui l’attend.
Je suis totalement d’accord pour dire que chaque accouchement est différent et j’imagine que c’est également le cas de chaque post-partum. Mais aujourd’hui, j’ai envie de briser ce silence, de délier les langues, et de vous parler de ces 9 mois qui se sont écoulés depuis que je suis devenue maman. Pour une fois, il ne s’agit pas de parler de Mademoiselle, mais bien de moi. En tant que femme, en tant que maman. Que s’est-il passé dans ma tête et dans mon corps en 9 mois de post-partum ?
9 mois dans mon corps, 9 mois sur Terre
Ma fille a officiellement passé plus de temps sur Terre que dans mon ventre, je n’en reviens pas. Lorsque j’étais enceinte, j’avais hâte de prendre Babygirl dans mes bras, la câliner, découvrir son si joli visage. J’ai profité à fond de ma grossesse et, même si la fin m’a parue longue, je ne l’ai quand même pas vue passer. Mais alors les 9 mois de ma puce avec moi sont passés à une vitesse encore plus folle ! Quand je regarde les photos de sa naissance, j’ai l’impression que c’est hier que j’ai accouché ! Malgré ça, elle a déjà tellement changé. A la fois sur le plan physique, mais également sur le plan moteur. J’avais dressé un premier bilan à ses 6 mois mais aujourd’hui, un peu plus de 3 mois après, tant de choses ont encore changé.
Désormais, Babygirl passe son temps à se retourner : ventre/dos et dos/ventre sont parfaitement acquis. On est même sur le level du dessus, puisque désormais Mademoiselle passe ses journées à ramper (mon si “petit” bébé, comment c’est possible ?!) et commence à appréhender le 4 pattes (je pense que ça devrait bientôt être acquis également). C’est aussi un bébé qui adore être debout, se balader, regarder le monde qui l’entoure. Elle a toujours besoin de compagnie et si je quitte la pièce rien que quelques secondes, elle se met à râler. Mademoiselle commence aussi à avoir son petit caractère (parfois bien trempé) et à savoir ce qu’elle veut (ou ne veut pas) ! Au niveau langagier, elle a également acquis pas mal de syllabes, de bruits, et dit “maman” depuis quelques temps déjà, “papa” également (mais – et c’est ma petite fierté – ce n’est pas le premier mot qu’elle a eu !!) et Nala (rebaptisée A-A).
Que se passe-t-il dans la tête et le corps d’une maman, 9 mois après ?
Je ne vais pas nécessairement développer plus que de raison sur ce sujet, puisque j’ai déjà écrit un article assez complet il y a quelques jours. Cela mérite tout de même quelques précisions. Comme d’habitude, je vous écris à cœur ouvert, je parle de moi. Cela ne sera pas forcément valable pour toutes les mamans. Chaque grossesse est différente, chaque accouchement également…chaque vie de maman l’est tout autant !
De la naissance à 3 mois
A la naissance de son bébé, la femme entre dans ce qui s’appelle le quatrième trimestre de grossesse ou continuum. En ce qui me concerne, je l’ai plutôt bien vécu et je ne comprenais pas forcément tout ce que je lisais sur le sujet. J’étais encore en parfaite symbiose avec ma fille, je la câlinais, elle dormait contre moi une bonne partie de la journée. J’étais fatiguée mais ne me reposais pas vraiment, pas de sieste lorsqu’elle dormait, soit je la gardais contre moi, soit j’en profitais pour avancer dans mes tâches domestiques ou tout simplement prendre ma douche (je croyais à ce moment-là que ça relevait de l’impossible…pourtant, aujourd’hui, à presque 9 mois, je trouve ça plus compliqué !).
Je découvrais ma nouvelle vie de maman, celle dot j’avais tant rêvé avec bonheur. A ce moment-là, je ne pensais plus à moi en tant que femme, ni même en tant qu’épouse. Il faut avouer qu’avec le papa on s’est un peu “mis de côté”, il n’y en avait que pour Babygirl. Bref, on vivait un réel bonheur. Puis, début décembre, j’ai commencé à prendre conscience que je devrais bientôt laisser ma fille chez l’assistante maternelle et reprendre le boulot (où je n’avais pas mis les pieds depuis tout début juillet). Ça a été la douche froide et chaque jour une angoisse un peu plus grande. La fatigue n’aidant pas non plus (je m’occupais de Babygirl quasiment toutes les nuits, lorsque Mister bossait le lendemain, puisque j’étais en congé maternité), je me suis rapidement retrouvé à broyer du noir. Le joli petit nuage rose sur lequel je me trouvais depuis la naissance s’est soudainement assombri.
De 3 à 9 mois
C’est à ce moment-là que les choses ont réellement commencé à se gâter. On sort un peu de ce petit nuage sur lequel on se trouve depuis la naissance. Le sommeil commence (cruellement) à manquer et la chute d’hormones se fait réellement sentir. C’est plutôt à ce moment-là que j’ai vécu mon quatrième trimestre de grossesse…
D’un point de vue psychologique, j’ai commencé à ne plus aller si bien que je le laissais voir. Petit à petit, je sombrais, le vague à l’âme. Seule ma fille me faisait sourire et les moments avec elle m’apportaient du bonheur. Mais ça, je le cachais bien. Personne ne le voyais. L’échéance de la reprise du travail, la peur de laisser ma fille à une inconnue (l’assistante maternelle) et la fatigue grignotaient mon moral, petit à petit. Et puis un jour, j’ai lu de nombreux articles sur la dépression post-partum. Et je me suis reconnue. Mais je n’aimais pas vraiment ce terme de “dépression”, je ne l’étais pas, ce n’était pas possible. J’ai pris mon courage à deux mains et j’en ai parlé à mon médecin. Il a décidé de m’arrêter quelques semaines, à la condition que ma fille aille chez l’assistante maternelle et que je profite de ce temps pour me reposer à fond. Chose que j’ai eu du mal à accepter et qui a contribué à m’effondrer un peu plus. Quelle mauvaise mère je faisais de laisser ma fille chez une “inconnue” pendant que j’étais à la maison, seule. Je ne profitais pas d’elle et risquait de perdre de précieux instants de sa toute jeune vie. Et puis, les jours avancèrent et je me permis enfin de me détendre, me reposer, m’accorder du temps pour moi. Ce temps qui m’avait fait défaut depuis la naissance. J’ai été arrêtée plusieurs semaines ainsi. Puis, je n’ai repris que 2 semaines avant les vacances de février. Je me sentais mieux, reposée et prête à reprendre ma vie d’avant (avec tous ces changements). Et en effet, depuis les 3 mois et demi / 4 mois de ma fille, je vais de mieux en mieux. Aujourd’hui, tout cela est désormais derrière moi et je suis heureuse d’avoir eu de l’écoute auprès de mon médecin, je suis heureuse qu’il m’ait “forcée” à laisser ma fille et prendre du temps pour me reposer, du temps pour moi.
Cet épisode m’a servi de leçon et, comme je le disais dans mon précédent article, je suis désormais plus apte à faire la part des choses et à lâcher prise. Le ménage n’est pas fait à fond ? Tant pis, il vaut mieux profiter de ces moments avec ma fille ou en famille et faire l’essentiel. Prendre du temps pour moi, pour notre couple, aussi. Le reste n’est pas important !
Enfin, d’un point de vue physique, il y a eu pas mal de bouleversements, à commencer par mes cycles. Je m’attendais à ce qu’ils soient totalement anarchiques post-accouchement, mais ne pensais pas que cela serait à ce point. J’ai eu mon retour de couche le 24 décembre (chouette alors !), soit un peu plus de 2 mois post-accouchement. Pourtant, je reprenais la pilule prescrite par la maternité, censée arrêter les règles. Puis plus rien.
Début mars, j’ai commencé mes séances de rééducation périnéale avec une adorable sage-femme, très patiente et à l’écoute, sur laquelle je me suis épanchée de mes douleurs physiques liées à l’accouchement. Elle a enfin mis un mot sur ces fameuses douleurs, qui étaient indirectement dues à ma cicatrice d’accouchement (coucou l’épisiotomie…) : je souffrais d’une bride vaginale. Après avoir pas mal travaillé dessus (mes séances de rééducation périnéale ne sont pas terminées), cela va beaucoup mieux aujourd’hui. Mais physiquement et psychologiquement, cela a été assez dur compte-tenu de tout ce que cela a impliqué. J’ai eu la chance d’être bien entourée ! La sage-femme m’a également conseillé d’arrêter ma pilule. Je n’ai finalement eu qu’un retour de règles près d’un mois après l’arrêt. Depuis, c’est assez anarchique. Je dois donc reprendre à zéro et essayer de comprendre de nouveau mon corps et mes cycles.
Cela me semble important d’en parler car lorsque l’on est enceinte, on est finalement assez mal informée sur l’après. On nous parle surtout de bébé, de ses soins, de son évolution (et encore, il y a certaines choses que l’on découvre par nous-même…) mais on n’évoque jamais le post-partum. Un peu comme un tabou qui pourrait empêcher les femmes de devenir maman. On nous dépeint un joli tableau où tout est beau et rose et, comme la plupart, j’y ai cru. Oui, j’étais préparée aux nuits sans sommeil, aux pleurs (voire hurlements…) et à tout ce qui planait autour de bébé. Mais je n’étais absolument pas préparée à ce qui allait changer de mon côté. Alors, quand tout ça a eu lieu, je me le suis pris en plein figure, un peu comme un tsunami qui arrive sans qu’on s’y attende, une grosse vague qui déferle et emporte tout sur son passage.
Le post-partum n’est pas toujours facile, il faut oser en parler autour de soi et ne pas avoir peur !
2 commentaires
Merci pour cet article! En effet, le post-partum est souvent complètement occulté et ça s’avère terrible pour certaines mamans, lâchées dans la nature, pas préparées à la vie après la naissance. Cela peut avoir des conséquences dramatiques, c’est un sujet très important!
Oui. Cela aurait été bien d’être préparés. Autant moi que le papa.
Tout couple qui attend un enfant sait que sa vie va être chamboulée, mais ne se doute pas à quel point avant de le vivre.